dimanche 6 juin 2010

Conseil de lecture : sommes-nous des "automates" ?

Dans l’épicentre structurant de nos porosités narratives, lorsque les événements de l’actualité nous contraignent à l’analyse rapide, comme victimes de tremblements de mots, notre continuité « idéologique » (pour faire vite) nous apparaît-elle assez pertinente pour s’affranchir de l’illusoire  ? En écrivant cette phrase sur les touches de mon clavier, je venais de refermer le dernier livre de Luis de Miranda, l’Art d’être libres au temps des automates (Max Milo éditions).

Philosophe et auteur en 2009 chez le même éditeur du très décapant Peut-on jouir du capitalisme  ?, Luis de Miranda a décidément l’art de porter le combat intellectuel sur des terrains inhabituels, s’appropriant les « outils » de la vie quotidienne. Ainsi, depuis l’invention des machines et des computeurs, notre quotidien semble avoir gagné du temps… « Et la contrepartie  ? », demande-t-il. « La soumission aux automatismes », répond-il, qui conditionnent nos gestes, nos pensées et pourquoi pas notre inconscient, à la merci lui aussi des délires ludiques vidéosphérisés à tout âge.

Lecteurs de l’indispensable revue Médium, dirigée par l'ami Régis Debray, donc habitués à l’étude médiologique des objets usuels, notre plaisir fut quasiment jouissif de trouver sous la plume de Luis de Miranda des angles d’attaque innovants. Puisque « nous sommes l’animal qui met les choses en ordre, consciemment, méthodiquement », puisque « nous devons ordonner le chaos environnant, l’agencer en “mondes” pour le rendre habitable » et puisque, enfin, « nous resterons toujours des enfants du chaos, dont l’autre nom est “vie” », Miranda s’autorise l’invention d’un concept : le Créel (Centre de recherche pour l’émergence d’une existence libre).

Explication  : « Si l’homme était une machine, ce serait une machine qui sans cesse se détraque, se branche et se débranche et réinvente ses rouages. Il est la force terrestre qui sans cesse désire et invente de nouveaux espaces de libération, de beauté et d’émotion relationnelle. » Et  ? « Être un “ordinateur créaliste” est donc le propre de l’homme. » Puis, citant malicieusement Giacometti (« Je ne travaille que pour la sensation que j’ai pendant le travail »), l’auteur met néanmoins en garde ses lecteurs, sans se montrer pour autant technophobe  : « L’homme est un animal technique. Mais sa vraie liberté consiste à s’affranchir sans cesse des déterminismes qu’il se crée lui-même, sous peine de devenir lui-même aussi mécanique que ses outils. »

Conclusion  : « Le désordre, c’est 
la vie. L’ordre, c’est la survie. La liberté, c’est l’existence. (…) Alors, déconnectez-vous… Et réveillons-nous ! » Métaphoriquement, les injonctions contemporaines lues ci-dessus pourraient nous donner bien des idées - non ?

(A plus tard...)

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