dimanche 12 juillet 2009

La véritable histoire du dopage (chapitre 4)

Après le drame de 1967, le supplicié Simpson a au moins laissé une trace qui a marqué au fer rouge tous ceux pour qui l’aventure cycliste est autre chose qu’une voie mortuaire balisée de chrysanthèmes. Alors que les coureurs avaient provoqué une grève symbolique en 1966 parce que des médecins eurent le courage d’opérer des contrôles surprise dans le cadre de la lutte antidopage, le Tour 1968, un an après la mort de Simpson, s’élance dans d’autres conditions.

« La veille du prologue, raconte Emile Besson, ancien journaliste de l'Humanité, une table ronde avait été organisée entre les médecins, les organisateurs et les coureurs. De cette réunion, sortira un protocole paraphé par l’ensemble des parties : chaque soir, des coureurs seraient désignés pour subir un contrôle antidopage. Pour la première fois, le Tour organisait des expertises d’urine avec l’assentiment des coureurs. Beaucoup croyaient alors que la lutte antidopage vaincrait le mal. Moi aussi, j’y ai cru, à ma manière… »

Jean Bobet est lui aussi convaincu. Dans une chronique au Monde, il écrit à la fin du Tour 1968 : « Le premier Tour du non-dopage a ramené les champions cyclistes dans les limites de l’humain… Les coureurs, livrés à leurs seules ressources, ont exprimé leur véritable valeur… Aucun correcteur n’était plus admis, la vérité est enfin apparue. Les survivants de cette fantastique étape se plaisent à reconnaître les bienfaits de l’application des modalités du contrôle antidopage. »

Ce « Tour de France de la santé », pour reprendre l’expression de Bobet, voit la mise hors course de Jean Stablinski qui, toute sa vie, n’a jamais décoléré. « Belle hypocrisie. Le dopage, ça continuait de plus belle, surtout dans les petites courses. Mais bien sûr, on faisait plus attention quand on savait qu’il y avait des contrôles. D’ailleurs, beaucoup s’arrangeaient pour tricher pendant ces contrôles. C’est un secret pour personne…»

Jean-Claude Blocher, jeune professionnel amandé, raconte sa saison 1973. « Les amphétamines, c’est un truc épatant. Tu es à 30% au-dessus de tes moyens… Pour être franc, j’avais trouvé un remède miracle, sur les conseils d’un ancien coureur, un joint épatant à base d’hormones et de cortisone. Tout le monde le faisait, pourquoi pas moi ? »

Notre ancien chauffeur sur les routes du Tour, Christian Palka, coéquipier de Luis Occana chez Bic au début des années 70, ami d’enfance et compagnon de route de Jean-Marie Leblanc, ne nous l’a jamais caché : « Tout le monde prenait, à plus ou moins haute dose, et on était toujours à l’affût des nouveautés. Le jeu consistait à ne pas se faire choper et plus les années passaient, plus les mailles du filet se resserraient. Il n’y avait pas encore de contrôles inopinés et pour ‘’bouffer’’ les kilomètres, pendant les entraînements, on y allait à bloc ! Je me souviens que, à l’époque, c’étaient nos épouses qui s’inquiétaient pour nous. Faut dire, on voulait tous avoir des gamins… mais on ne savait pas encore grand chose des effets du dopage sur les organismes. »

A plus tard...

1 commentaire:

  1. Je salue le courage de tous ceux qui osent se dresser contre la tricherie du dopage, et qui essuient parfois la vindicte des coureurs eux-mêmes...
    Amicalement, Gérard P.

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